La vie d'Ellen White par D.M. Canright

Chapitre 9 - Philosophie de ses visions


Les preuves abondent que les visions de Madame White étaient purement le résultat de son infortune passée : maladie de nerfs, avec complications d'hystérie, épilepsie, catalepsie et extase ; qu'elle ait pu honnêtement croire elle-même en ses visions n'en change pas le fait. L'auteur connut personnellement quatre autres femmes, toutes Adventistes du 7e Jour, qui eurent également des visions ; toutes étaient des chrétiennes sincères, et croyaient pleinement en leurs visions, mais toutes étaient malades, nerveuses, et hystériques ; ne s'étant pas encouragées, mais opposées par leurs ministères, elles y ont finalement renoncées. A chaque génération, de tels cas se sont avérés nombreux ; quelques-unes d'entre-elles comme Mesdames Southcott, Ann Lee, ou Madame White, devinrent célèbres pendant quelques temps.

Un éditorial de la Advent Review, du 19 août 1915, dit : "Durant notre expérience personnelle, nous nous souvenons d'au moins une douzaine de personnes, durant les deux ou trois décennies passées, qui ont prétendu avoir un don prophetique ; deux ou trois flottaient dans de douces fantaisies, d'autres ont franchement reconnu plus tard dans leur expérience, qu'elles s'étaient trompées, et ont recouvré une expérience apaisée ; les autres soignent peut-être encore leur imagination".

Ainsi on verra que tout le long, il y eut parmi les Adventistes du 7e Jour de nombreuses personnes qui se sont imaginées avoir le don de prophétie. Le rédacteur attribue justement tout ceci à leurs fantaisies. Ceux-là n'ont pas eu le pasteur White pour les encourager et les soutenir, c'est pourquoi leurs visions ont finalement cessé, comme Madame White en toute probabilité, aurait fait en pareilles circonstances.

Des livres médicaux et encyclopédies, aux mots "hystérie", "épilepsie", "catalepsie" et "extase", en décrivant ces affections, donne une description complète du cas de Madame White, sur la foi de ses déclarations, de celles de son mari, et des autres. Ceci apparait en faisant une étude brève de ces maladies.

1. Le sexe féminin. "L'énorme prépondérance de l'hystérie chez le sexe féminin a fait sa réputation" (Raynold's "System of Medicine," article "Hysteria"). C'est ce que disent toutes les autorités médicales, et qui correspond au cas de Madame White.

2. L'âge. "L'Hystérie est infiniment plus fréquente chez les femmes, commençant généralement entre quinze ans, et dix-huit à vingt ans" ("Theory and Practice of Medicine," de Roberts, p.399). "Chez le sexe féminin, l'hystérie commence habituellement avec ou vers la puberté, entre douze et dix-huit ans" (Raynold's "System of Medicine", article "Hysteria"). Ceci de nouveau correspond exactement au cas de Madame White, car elle eut sa première vision à l'âge de dix-sept ans. (voyez Testimonies" Vol. I., p. 62.) "Néanmoins, avec ce mode de vie, leur santé ne se détériore pas matériellement" (Johnson's Cyclopedia, article, "Hysteria"). Ainsi avec Madame White, sa santé s'améliorant petit à petit, ses visions cessèrent graduellement. Au début, elle avait des visions presque quotidiennement, mais elles devinrent moins fréquentes avec l'âge et une meilleure santé, jusqu'environ quarante cinq ans, âge auquel en cinq ans, elle n'eut pas une vision en moyenne, même courtes et faibles, jusqu'à ce qu'elle cessa entièrement d'en avoir. Maintenant lisez ceci : "L'Hystérie atteint généralement les femmes, de l'âge de la puberté à celui du déclin des fonctions propres à son sexe" (Johnson's Cyclopedia, article, "Hysteria"). Ce fut précisément le cas encore, de Madame White.

3. La cause. Hystérie, épilepsie, catalepsie, et extase, sont toutes des maladies nerveuses, qui parfois coexistent, alternent ou se manifestent simultanément au point qu''il est difficile de les distinguer. Les causes remarquables sont : "1. Perturbation mentale surtout émotionelle, par exemple une frayeur soudaine, chagrin prolongé ou anxiété. 2. Influences physiques affectant le cerveau, comme un coup ou chute sur la tête" ("Theory and Practice of Medicine," Roberts, p.393). "Sur dix cas, la maladie était dûe à des causes reflexes, et qui dans six cas, consistaient en des blessures à la tête" ("Fundamental Nervous Disease" Putzel, p.66). Ceci de nouveau exactement correspond au cas de Madame White. A l'âge de neuf ans, elle reçut un terrible coup au visage, qui brisa son nez, et faillit la tuer. Elle resta inconsciente durant trois semaines. (Voir sa vie dans "Testimonies", Vol. I., pp. 9,10.) Ce choc asséné à son système nerveux fut sans doute la cause principale de toutes les visions qu'elle eut par la suite.

4. Généralement malades et affaiblis. "La plupart des personnes hystériques ne sont pas en bonne santé" ("Theory and Practice of Medicine" de Roberts, p.404). "Crises de syncope et palpitations du coeur apparaissent très fréquemment, et sont parfois si violentes, que les personnes qui en sont affectées semblent mourir" (Encyclopédie Americana, article "Hysteria). Lisez maintenant la vie de Madame White, et constatez qu'elle parle encore et encore, un nombre illimité de fois de ses fréquents évanouissements, de douleurs au coeur, d'avoir été si malade qu'elle s'attendait à mourir. Il est remarquable que la plupart de ses visions étaient immédiatement précédées par cette période mortelle d'évanouissement. Ceci montre simplement que tout ceci était le résultat d'une faiblesse nerveuse. Elle dit : "Mes sensations étaient exceptionnellement sensibles" ("Testimonies," Vol. I., p.12). Lisez maintenant ceci : "Les femmes… dont le système nerveux est extrêmement sensible, sont les plus sujettes aux affections d'hystérie " (Encyclopedia Americana, article "Hysteria"). Exactement son cas en l'espèce.

Condition physique de Madame White décrite par elle-même

Agée de neuf ans, une fillette lui lança au visage une pierre qui cassa son nez, et faillit la tuer"(Testimonies for the Church," Vol. I., p.9). "Je suis restée couchée, frappée de stupeur pendant trois semaines" (p.10) "Je fus presque réduite à l'état de squelette" (p.11) "Ma santé semblait détériorée sans espoir de guérison" (p.12) "Mon système nerveux était prostré" (p.13) Ici se trouvait l'origine de son hystérie des années suivantes. Dans ces conditions physiques, elle "entendait 'l'annonce d'étourneau' que Christ revenait en 1843" (p.14). "Ces paroles résonnaient sans cesse à mes oreilles : 'Le grand jour du Seigneur est à portée de main'" (p.15). "J'assistais fréquemment aux assemblées et croyait que Jésus allait bientôt venir" (p.22). De son impression de l'Enfer elle dit : "Mon imagination y était si ancrée que la transpiration pouvait apparaitre" (p.24). "Je craignais de perdre la raison" (p.25). A un moment, elle serait devenue comme aliénée pendant deux semaines, selon ses propres dires ("Spiritual Gifts," Vol. II., p.51). Elle continue : "Ma santé était très précaire" (Testimonies", Vol. I., p.55). On pensait qu'elle pourrait vivre, mais peu de jours ; c'est alors qu'elle eut sa première vision, en réalité une attaque épileptique (p.58). "J'étais à peine âgée de dix-sept ans, petite et frêle" (p.62). "Je perdis toute vigueur", et des anges s'entretinrent avec elle (p.64). "Mes amis pensaient que je ne pourrais survivre… Immédiatement enlevée en vision" (p.67). Notez que ses visions surviennent lorsqu'elle était très malade ! Ceci révèle l'histoire, elles étaient le résultat de sa faiblesse physique. Si c'était par la puissance du Saint-Esprit, pourquoi Dieu ne lui a t-Il pas donné les visions lorsqu'elle se portait bien?

"Souvent je m'évanouissais comme une personne mourante" Le jour suivant elle était bien et "parcourait trente-huit miles" (p.80). C'est caractéristique de personnes hystériques comme le savent ceux qui les ont vues ; elles sont presque mourantes à une heure, et très bien à la suivante. Madame White a vécu cette expérience un millier de fois ; étant quasiment mourante, on priait pour elle : guérie par Dieu, elle se retrouvait parfaitement bien en quelques minutes ; quelques jours après, elle rechutait à nouveau. Si Dieu l'avait guérie, pourquoi n'est-elle pas demeurée guérie ? Il y a là quelque chose qui m'embarasse : lorsque Jésus guérissait un homme, retombait-il malade, et devait-il être guéri à nouveau chaque jour ?

Elle poursuit : " sous le fardeau, certains craignaient que je mourusse… je perdais bientôt conscience des réalités matérielles" – dans une vision (p.86). Ailleurs : "Je m'évanouissais ; on priait pour moi ; et bénie, j'étais enlevée de la vision" (p.88). Toujours le même récit ; c'est simplement son imagination hystérique, rien de plus. Page suivante : "Je m'évanouissais… retirée de la vision". Elle poursuit ainsi à travers tout son livre. L'Encyclopédie Américana, à l'article "Hystérie", dit : "Attaques de syncope, évanouissements, et palpitations du coeur apparaissent très fréquemment ; elles sont parfois si violentes qu'elles donnent l'impression de mourir, aux personnes présentes affligées". C'était exactement le cas avec Madame White.

Page après page, la même histoire est répètée par elle-même. Dans le récit de sa dernière vision (3 janv.1875), elle était très malade jusqu'à ce que cela s'achève par une vision ("Testimonies," Vol. III., p.570). Affreusement malade, presque morte, puis une vision : c'est l'histoire rapportée par sa propre plume un nombre illimité de fois. Que nous apprend donc le récit? Que ses visions étaient le résultat de sa faiblesse physique!

5. Visions en public. "En règle générale, une crise d'hystérie survient en présence d'autres personnes sont, et jamais pendant le sommeil" ("Theory and Practice of Medicine" de Roberts, p.401). La plupart des visions de Madame White se produisaient en public, et généralement dans une période où elle était très malade, ou lors de prières ou de discours solennels ; ce fut le cas avec sa première vision ("Spiritual Gifts", Vol. I., p.30). Ainsi encore, en pages 37, 48, 51, 62, 83, et autres encore, elle eut ses visions en présence de nombreuses personnes. Je ne sache pas qu'elle eut jamais une seule vision, étant seule, même une seule fois ou deux.

6. Inclination à exagérer et tromper. Tous les livres médicaux déclarent que les personnes hystériques sont sous l'emprise de l'exagération et de la tromperie ; l'inclination est irrésistible, et rien ne peut les en détacher. Le livre de Gurnsey, "Obstétrique", à l'article "Hystérie", dit : "De telles personnes régalent leurs auditeurs de contes merveilleux faits des grandeurs et des exploits de leur vie passée… Ces récits sont exprimés avec un air de sincérité bien calculé pour abuser l'auditeur honnête, et avec une telle liberté débridée de l'imagination, et tel total oubli au regard de la vérité, qu'ils sont vulgairement attribués à une pleine volonté de principe, et à la plus excessive vanité, mais sont dus en réalité à la condition dépressive de l'organisme féminin, qui est désignée par le terme général d'hystérie".

Madame White parlait toujours des grandes choses qu'elle avait faites. La supercherie qu'elle pratiqua si souvent est ici justifiée par des principes qui ne remettent pas en cause le caractère moral, et nous sommes heureux d'en accepter l'explication.

7. Apnée. "Habituellement, l'arrêt de respiration est complet" ; "il semble généralement retenir sa respiration" ("Theory and Practice of Medicine," Roberts p.393, 394). Le pasteur White, décrivant la condition de Madame White en vision, dit : "Elle ne respire pas" ("Life Incidents", p.272). Ils ont toujours pris référence de ce fait avec grande confiance, comme une preuve du caractère surnaturel de ses visions, mais on pourrait constater qu'il est commun dans ces maladies.

8. Importance de soi. "C'est la croyance dominante de l'importance de soi, et le patient pense qu'il diffère des autres être humains" (De Raynold, "System of Medicine", article "Hysteria"). C'était precisément le cas de MadameWhite ; écoutez-là se glorifier elle-même : "C'est Dieu, et non un mortel faillible qui a parlé" ; "Dieu a placé sur mon mari et moi-même, une tâche spéciale" ; "Dieu nous a désignés pour une œuvre plus éprouvante qu'Il ne l'a fait pour d'autres" ("Testimonies", Vol III, pp. 257, 258, 260) ; "Je pourrais prouver une dévotion plus grande que n'importe qui engagé dans l'œuvre" ; ("Testimonies" Vol I, p.581) Je la connaissais depuis presque trente ans, mais jamais je ne l'ai vue faire confession d'un seul péché durant tout ce temps, pas une seule fois. Les Adventistes du Septième Jour se moquent de la prétention du Pape à l'infaillibilité, mais eux-mêmes s'inclinent devant l'autorité d'une femme qui a plus hautement prétendu à l'infaillibilité, que ne l'a fait même un pape ou un prophète.

La place ne nous permet pas d'énumérer chaque détail de son expérience, par des citations extraites de travaux médicaux comparés à ses propres déclarations ; mais celles déjà fournies sont suffisantes pour montrer la nature et la philosophie de ses attaques ; elles étaient le résultat d'une maladie nerveuse, précisément la même que celle constatée dans le cas de milliers d'autres femmes, affaiblies par des maladies des nerfs.

9. Témoignages de médecins. Le Docteur Fairfield était un adventiste du 7e Jour en vue ; médecin depuis des années au Sanatorium (établissement de cures thermales) de Battle Creek, il avait plus que quiconque l'opportunité d'observer Madame White. Il écrit :

"Battle Creek, Michigan, le 28 déc.1887.

"Cher Monsieur: vous avez incontestablement raison en imputant les prétendues visions de Madame E.G. White, à une maladie. L'opportunité que j'ai eu d'observer son cas de près sur une assez longue période d'années, en pleine connaissance de son parcours depuis le début, ne m'a laissé aucune chance de douter que ses ('divines') attaques soient simplement des transes hystériques. L'âge lui-même l'en a presque guérie.

W.J. Fairfield, M.D."

Le Docteur Wm. Russell, adventiste du 7e Jour de longue date et médecin-chef au Sanatorium, écrivait le 12 juillet 1869, qu'il lui revenait à son esprit à quelque temps dans le passé, "que les visions de Madame White étaient le résultat d'un organisme malade, de l'état de son cerveau, ou du système nerveux". "Rapportant lors d'un congrès tenu à Pilot Grove en 1865, un compte-rendu de sa visite à l'institut de santé du Docteur Jackson, elle déclara que le docteur, après un examen médical, lui avait diagnostiqué un cas d'hystérie" ("Mrs. White's Claims Examined", p.76).

C'est le témoignage de médecins qui ont personnellement examiné Madame White.

Quand elle était malade, Madame White se faisait souvent traiter au Sanatorium de Battle Creek, dans le Michigan. Les médecins qui s'y trouvaient devinrent familier de son cas, et plusieurs des plus importants renoncèrent à leur foi en ses visions, ce qui est très significatif. Le Docteur J.H. Kellogg, à la tête de cette institution depuis de nombreuses années, avait une réputation mondiale en tant que médecin et homme de science ; il fut amené à admirer Madame White et ses révélations. Durant de longues années, il eut toutes les occasions pour examiner son cas. Contre ses intérêts les plus grands, il fut contraint de perdre foi en ses visions ; il ne resta pas plus longtemps, croyant de ses visions. Ces médecins en contact si étroit avec elle, apprirent que les visions étaient simplement le résultat de sa condition physique amoindrie.

Madame White s'est jointe aux Millérites dans leur grande excitation de 1843-44. Dans leurs meetings, elle s'évanouissait souvent d'excitation ; dans l'enthousiasme et le fanatisme de l'époque, nombreux étaient ceux qui avaient des "dons", visions, transes, etc… elle s'abreuva amplement à la fontaine de leur esprit. La peine et le désappointement causés par la faillite du temps du réveil, en furent trop pour sa faible condition physique. Le Docteur Roberts dit : "La cause de stimulation de la première crise hystérique est due généralement à quelque forte et soudaine contrariété émotionnelle" ; "Parfois l'attaque est précédée de désappointement, frayeur, d'excitation intense, ou même d'émotions religieuses" (Bibliothèque de Universal Knowledge, article "Catalepsie"). Précisément son cas dans la grande agitation et le désappointement de 1844.

Dans son "Rise and Progress of Seventh-day Adventists", page 94, le pasteur J.N. Loughborough donne une description de Madame White au moment où elle avait une "vision." Comparez-là soigneusement avec la condition physique des patients affectés par les maladies déjà décrites, dont beaucoup de ces cas ont été traités par d'éminents médecins. Comme on pourra le constater, les deux descriptions sont presque identiques.

Condition physique de Madame White pendant une vision

"Pendant environ quatre ou cinq secondes, elle semble s'effondrer comme une personne qui s'évanouit, ou quelqu'un ayant perdu sa vigueur ; puis elle semble instantanément remplie de force surhumaine, parfois se levant de suite sur ses jambes, et parcourant la pièce. Les mouvements des bras et des mains sont fréquents, pointant du doigt à droite ou à gauche selon que sa tête est tournée ; tous ces mouvements sont faits de manière la plus gracieuse. Quelle que soit la position où sont placés la main ou les bras, il est impossible à quiconque de les bouger. Ses yeux sont toujours ouverts, mais ne clignent pas ; sa tête est dressée et elle regarde vers le haut, non avec un regard fixe et vide, mais avec une expression plaisante, différant seulement de la normale en ce qu'elle paraît regarder attentivement quelque objet distant. Elle ne respire pas, encore que son pouls bat de façon régulière".

Dans son "Medical Advisor", pages 647-650, le Docteur H.V. Pierce donne les causes et les dispositions héréditaires de l'épilepsie ; il dit : "Beaucoup des cas que nous avons traités ont été présentés comme conséquences de blessures à la tête. La majorité de ces formes de maladies peut être exactement localisée dans une petite région du cerveau, résultant habituellement d'un coup ou d'une chute sur la tête". De la crise elle-même, le Docteur Pierce dit : "Elle survient soudainement, avec peu ou pas de signes précurseurs, généralement avec un cri ou un hurlement. Dans sa forme grave de la maladie, la respiration est bloquée".

Le Docteur John Huber, dans un article sur ce sujet dans le Washington Post du 18 juin 1916, dit que l'épilepsie est appelée "the falling sickness" [litt. La maladie de la chute] parce que le patient tombe généralement quand survient le paroxysme. Il dit : "Une crise épileptique est une sorte de tempête dans le cerveau… La victime émet un cri ou un hurlement au début de la convulsion".

Ces descriptions, écrites sans référence à Madame White, correspondent exactement à son cas. On pourra noter que l'une et l'autre de ces autorités médicales disent que la crise épileptique débute généralement avec un cri retentissant ou un hurlement, ce qui était également caractéristique des "visions" de Madame White. Introduisant la description de sa condition physique pendant les visions, le pasteur Loughborough, dans son ouvrage déjà cité, à la même page, dit : "En passant en vision, elle poussait trois ravissants cris de 'Glory!' ; le second, et particulièrement le troisième, plus faible, mais plus émouvant que le premier".

Lisez maintenant ce que des médecins expérimentés ont écrit dans des livres médicaux, sur la transe, l'extase, et la catalepsie.

Dans "Practice of Medicine" p.721, Vol. II, le Docteur George B. Wood traite des confusions mentales ; expliquant la cause des phénomènes de transes, il dit :

"L'extase est une affection dans laquelle, outre la perte de conscience des éléments existants, et une insensibilité aux impressions de l'environnement  extérieur, il se produit une exaltation apparente des fonctions intellectuelles ou émotionnelles, comme si l'individu s'éveillait à une nature différente, ou à une sphère d'existence différente. Le patient paraît plongé dans quelque sentiment ou pensée captivante, avec une expression dans l'attitude, que procureraient de sublimes contemplations ou un bonheur ineffable... Se remettant de la crise, le patient se souvient généralement plus ou moins exactement de ses pensées et sentiments, et rapporte parfois de merveilleuses visions qu'il a vues, des visites de contrées paradisiaques où règnent une harmonie enchanteresse et la splendeur, et un plaisir inexprimable des sens ou des affections".

Une personne parfaitement familière de Madame White n'aurait pu décrire ses visions plus exactement.

Autre grande autorité médicale (G. Durant, M.D., Ph.D., membre de l'Association médicale américaine, membre de l'Académie de médecine de New York, etc… décoré de plusieurs medailles), en décrivant l'extase et la catalepsie, dit :

"Il arrive souvent que les deux affections alternent ou coexistent. Dans l'extase les membres sont immobiles, mais non rigides ; les yeux sont ouverts, les pupilles fixes, les lèvres bleuâtres entrecoupées de sourires, et les bras étendus comme pour étreindre la vision aimée. Le corps se tient droit et debout le plus haut possible, ou bien étendu de tout son long en position allongée. Un large sourire étrange illumine le comportement, et en totalité, l'aspect et l'attitude traduisent une intense exaltation mentale. Parfois le patient est silencieux, l'esprit étant apparemment absorbé dans la méditation ou la contemplation de quelque vision béatifique. Quelquefois il y a discours mystique ou prophétique, ou des chants, où les lèvres peuvent remuer sans laisser échapper aucun son ; habituellement il y a insensibilité complète aux suggestions externes. L'extase est souvent associée à la monomanie religieuse ; jadis elle était passablement ordinaire parmi les pensionnaires des couvents, et se rencontre maintenant rarement à l'occasion des camp- meetings et autres rassemblements de nature similaire. Nombreux vraiment sont les gens pieux, qui sont sujets à l'extase".

C'était très clairement le cas Madame White. Des centaines de cas similaires se sont présentés à chaque époque, et se présentent encore aujourd'hui. Le côté affligeant de cette affaire est la quantité d'âmes honnêtes qui se font duper en recevant tout cela comme une révélation divine.

Si nous nous souvenons que les partisans de Madame White, surtout pendant les dix ou quinze premières années, étaient tous des gens du peuple, complètement inaccoutumés à de tels exercices qui leur apparaissaient comme miraculeux, il n'est pas si étrange qu'ils les aient acceptés comme la puissance de Dieu. Elle-même était jeune, ignorante, et inexpérimentée ; elle pouvait seulement expliquer ses expériences insolites comme miraculeuses, comme étant l'œuvre du Saint-Esprit ; aussi, après avoir douté un peu, elle accepta leurs points de vues. Probablement que le pasteur White, au début du moins, crut en ses visions pour la même raison.

Tous les compte-rendus que nous avons de ses visions ont été écrits par ses dévoués partisans ; nous savons qu'ils devaient en rendre seulement les aspects les plus favorables, omettant tout élément défavorable. Mais en reprenant leurs propres déclarations, ses symptômes sont exactement les mêmes que ceux décrits ci-dessus par les médecins, où des visions similaires résultaient simplement de maladies du système nerveux, généralement provoquées par un coup reçu à la tête, tout comme dans le cas de Madame White. Ses défaillances dans tant de domaines, relevées d'ailleurs dans les autres chapitres de ce livre, ne laissent plus de doutes raisonnables, selon lesquels cette femme s'abusait simplement elle-même sur la nature réelle, et la cause de ses visions.

Les visions de MadameWhite ont cessé approximativement à l'époque du changement de vie commun aux femmes [ménaupose] Tandis qu'elle avait encore des visions, elle prétendait que beaucoup de ce qu'elle "voyait" se gravait entièrement au moment même, dans son esprit. Des mois, des années même plus tard, en rencontrant un frère ou une église qui avait besoin d'un "témoignage", la partie relatant ces choses, revenait disait-elle, de manière vivante à son esprit. Elle voulait inscrire alors, cette partie de "vision" oubliée

Ceci marcha très bien des années après que ses visions ont cessé ; à la fin, cela ne pouvait se prolonger davantage. C'est alors que ses révélations sont survenues de façon différente : par voix, par rêves, par "impressions", par quelqu'un parlant ayant "autorité", et ainsi de suite. Les expressions suivantes, extraites du dernier volume de ses "Témoignages pour l'Eglise", Vol. IX., publiés en 1909, en sont des exemples. Page 13 : "J'ai été instruite". Page 82 : "Instruction m'a été donnée". Page 65 : "Dans la nuit du 2 mars 1907, beaucoup de choses me furent révélées". La pièce, dit-elle, était très éclairée. Page 66 : "Alors une voix me parla". Page 95 : "L'ange se tenait à mes côtés". Mais elle n'eut aucune vision comme autrefois. Page 98 : "Instruction m'a été donnée". Page 101 : "En la saison nocturne, on me sortit d'un profond sommeil, et on me fit voir". Page 137 : "En la saison nocturne, des affaires me furent présentées". Page 195 : "Une fois, il me sembla être dans une réunion-conseil". L'expression : "J'ai été instruite", se retrouve encore et encore dans ces dernières prétendues révélations, de même que l'expression "Je vis", apparaît dans ses premiers écrits.

Mais tout cela diffère entièrement de sa période visionnaire : à cette époque le Saint-Esprit descendait sur elle, elle perdait toute vigueur et s'évanouissant, tombait par-terre ; alors elle était emportée au Ciel et parlait avec Jésus, visitait les planètes, et autres choses de ce genre. Pareilles choses ne survinrent pas ultérieurement à la fin de sa vie. Pourquoi ce changement ? Les médecins y ont répondu.


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